Le château de Wittem, avec sa basse-cour au premier plan.


Le château de Wittem

Le château de Wittem est un château rectangulaire à douves. Du rectangle d'origine, deux côtés existent encore aujourd'hui: deux ailes perpendiculaires avec une tour d'angle.

Au Sud de l'enceinte principale se trouve aussi une basse-cour. Le château se trouve à Wittem (Limbourg).

La fondation du château

Déjà au haut Moyen-âge, l'emplacement du château devait être occupé par une ferme fortifiée.

Au début du 13ème siècle, Wittem tomba aux mains de la famille De Julémont. Cette famille transforma très vraisemblablement alors la ferme fortifiée en château fort.
Le château de Wittem consistait à cette époque en un donjon entouré par une enceinte rectangulaire avec des tours aux angles. La tour et les murs extérieurs actuels formaient la partie Nord-Ouest de l'enceinte rectangulaire d'alors. L'aile d'habitation qui se dresse derrière le mur extérieur occidental date elle aussi de cette époque.

En guerre!


La dernière tour (13ème siècle). D'après les vieux écrits, le château comptait jadis sept tours, mais certaines n'étaient vraisemblablement que des échauguettes.


En 1283, la guerre de succession du Limbourg éclata. Le duc Waléran IV de Limbourg et sa fille héritière Irmgard étaient tous deux décédés. Le comte de Gueldre (l'époux de Irmgard) entendait leur succéder à la tête du duché de Limbourg, mais le comte de Berg en Allemagne (l'oncle de Irmgard) le voulait lui aussi!

Pendant la guerre qui suivit, les sires de Wittem soutenaient le parti du comte de Berg. Alors en 1286, le comte Renaud de Gueldre et Waléran de Valkenburg vinrent assiéger le château de Wittem. Mais Wittem était alors un château si puissant qu'ils ne parvinrent pas à le prendre.

La bataille décisive de cette guerre eut lieu à Worringen en 1288. Soutenu par le duc de Brabant, le comte de Berg sut gagner la bataille. Herman de Julémont-Wittem s'y battit lui aussi en tant que chevalier brabançon.

Un visiteur d'exception

Le château de Wittem resta aux mains de la famille De Julémont jusqu'en 1344. Cette année-là, Gérard de Julémont vendit Wittem à Jean de Cosselaer, un fils bâtard du duc de Brabant. Ensuite, Jean se mit à se nommer 'De Wittem', comme le faisaient les premiers sires du château. A l'époque de son petit-fils Jean III de Wittem, le château fut remagné: c'est alors que l'actuelle aile Nord fut ajoutée à l'aile Ouest du 13ème siècle.

Puis le château changea de propriétaire. En 1466, Frederik de Wittem-Cosselaer vendit le château à son cousin Thierry de Pallandt. A l'époque où la famille De Pallandt était propriétaire, le château reçut un visiteur particulier: Charles Quint était en 1520 en route pour Aix-la-Chapelle où il devait être sacré empereur, et vint en cours de route passer une nuit au château de Wittem.
On sait aussi de cette époque que le château était en si mauvais état, que le donjon aujourd'hui disparu dut alors déjà être rabaissé de 8 mètres.


L'aile Nord (15ème siècle) avec la tour d'angle. A l'angle gauche, on distingue l'amorce d'une échauguette disparue.


La guerre de 80 ans (1568-1648)

Peu avant le début de la guerre de 80 ans, le sire du château Florent I de Pallandt se convertit au protestantisme. Sur ce, le duc d'Albe (général espagnol et gouverneur des Pays-Bas) confisqua ses possessions et fit occuper le château de Wittem -dont la position était si stratégique-, par des soldats espagnols.

Des mercenaires sous le commandement de Guillaume d'Orange vinrent ensuite assiéger le château et le prirent. Mais quand ces mêmes troupes partirent ensuite pour essayer de prendre la ville de Maastricht, les Espagnols revinrent au château. Les troupes de Guillaume d'Orange devaient coup sur coup reconquérir le château repris par les Espagnols! Après la troisième fois, en 1569, les Espagnols firent exploser le château, après quoi il ne resta que des ruines...

Destructions et reconstructions

Le sire de Wittem -Florent II de Pallandt- porta plainte et demanda aux Etats-Généraux de le dédommager, après quoi il commença en 1611 à remettre le château en état, tout en conservant les restes anciens.
En 1619, le château était remis à neuf et fortifié. Pourtant, Wittem fut pris par les Français en 1642, en 1668 le duc du Luxembourg fit mettre le feu au bâtiment d'entrée, puis les Français firent exploser un côté du château peu avant 1678! Le propriétaire d'alors, le comte Philippe Theodore de Waldeck Pyrmont, fit encore une fois remettre le château en état...

Le château prend sa forme actuelle


L'esplanade du château (en fait sa cour intérieure d'origine), avec l'entrée dans l'angle intérieur.


Le château changea encore quelques fois de propriétaires, après quoi en 1722, il finit par tomber aux mains de Ferdinand Adolphe von Plettenberg, un diplomate et conseiller au service de l'empereur allemand. Von Plettenberg donna l'ordre de partiellement démolir et reconstruire le château. Cette démolition partielle donna à Wittem en grande partie l'aspect que nous lui connaissons aujourd'hui. Pourtant, les travaux ne furent jamais terminés, car Von Plettenberg préféra en fin de compte faire construire une nouvelle résidence, qui fut dressée à faible distance du château. Wittem resta donc ruineux, et en 1770, des murs s'étaient à nouveau écroulés.

Le château tomba entre-temps entre de nouvelles mains. Au 19ème siècle, les propriétaires d'alors -la famille Merkelbach-, fit restaurer le château dans un style néogothique et fit aussi élever l'actuelle entrée dans l'angle intérieur.

Aujourd'hui

Depuis 1958, le château est un hôtel-restaurant.



Kasteel Wittem

Wittemer allee 3

Wittem


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Texte: Mathieu Fannee

Bibliographie:

Hupperetz, W. & B. Olde Meierink & R. Rommes (red.) (2005). Kastelen in Limburg. Burchten en landhuizen (1000-1800). Stichting Limburgse Kastelen, Uitgeverij Matrijs, Utrecht, p.20, p.479-482;

Kransberg, D. & H. Mils (1979). Kastelengids van Nederland; Middeleeuwen. Fibula-Van Dishoeck, Haarlem, p.257-258;

Reijen, Paul E. van (1976). Middeleeuwse kastelen in Nederland, Unieboek b.v., Bussum. (3de herziene druk), p.111-112;

Illustrations:
(photos du château) Mathieu Fannee;