Le château de Doorn vu de l'Ouest.
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Le château de Doorn

Le château de Doorn est un ancien château fort, fondé au Moyen-Âge et transformé plus tard en château d'agrément. Ce château se trouve près du centre de Doorn, près de la route qui mène à Wijk bij Duurstede (Utrecht).

La fondation du château

Le château de Doorn fut fondé à la fin du 13ème siècle.
Il fut vraisemblablement construit par le prévôt épiscopal Burchard d'Avesnes (1275-1285) et ensuite complété par son successeur Adolphe de Waldeck (1285-1301). Celui-ci était outre prévôt aussi conseiller du comte Florent V de Hollande. [remarque]

Le château avait alors vraisemblablement déjà son plan carré, avec une tour rectangulaire à l'angle Nord-Est et trois tours rondes aux autres angles (voir dessin). Le château avait pour fonction de défendre les possessions de l'Église dans les environs.

Destructions

En haut: le château de Doorn vers 1300.
En bas: le château aujourd'hui, vu sous le même angle.
(d'après des dessins de D.B.M. Hermans)
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Le château fut déjà détruit en 1322! Cette année-là, le comte de Hollande avait en effet su faire élire un de ses protégés au poste d'évêque d'Utrecht. Il espérait ainsi accroitre son influence sur l'évêché d'Utrecht. Mais cela ne plut pas à la noblesse de l'évêché. Et encore moins au prévôt épiscopal du château de Doorn, qui souhaitait mettre fin à l'influence de la Hollande. C'est alors que le comte de Hollande envoya une armée attaquer le château de Doorn, qui fut complètement ravagé.

Ce n'est qu'en 1347 que le prévôt suivant obtint l'autorisation de reconstruire le château.

En 1420, Doorn fut ravagé et incendié par des bandes de pillards gueldrois. Le château fut alors probablement endommagé, mais cela n'est pas certain.
Au début de la guerre de 80 ans (1568-1648), en 1584, des troupes d'état furent cantonnées au château de Doorn et le château fut alors probablement encore une fois endommagé.

Nouveaux propriétaires

Le château resta aux mains des prévôts épiscopaux d'Utrecht jusqu'au début du 17ème siècle. Mais le château de Doorn n'était alors plus habité en permanence et tomba donc en ruine. A un moment donné, le château fut loué au chanoine Renier de Golstein et, en 1635, le château lui fut finalement vendu. Sur ce, Renier prêta hommage pour le château au comte de Buren: le prince Frederik Hendrik.

Le fief fut ensuite revendu plusieurs fois, et tomba en 1701 aux mains du prévôt épiscopal Guillaume de Diest. C'est à peu près à cette époque que le mur de défense oriental du château fut abaissé et que la tour d'angle Nord-Ouest fut détruite, alors que la tour Sud-Ouest fut au contraire surélevée (celle-ci existe toujours, voir photo ci-contre).

La construction du château actuel

Par vente et héritage, le château tomba en 1761 aux mains d'Herman Frederik Richard Lijnslager, un riche marchand et ancien chef de bataillon dans l'infanterie.
Mais dès 1792, une maladie épuisante le contraignit à revendre le château.

Le château tomba alors aux mains d'une certaine Wendela Eleonore ten Hove, laquelle se baptisa ensuite « Dame de Doorn ». Wendela fit de gros travaux au château du moyen-âge pour en faire le château d'agrément que nous connaissons aujourd'hui. Deux des trois tours d'angle qui avaient subsisté jusque-là furent alors détruites (la tour Sud-Ouest fut épargnée), l'aile Ouest prit la fonction de bâtiment principal, tandis que les ailes Nord et Sud furent surélevées pour devenir aussi hautes que l'aile Ouest. C'est ainsi que le château prit son aspect actuel avec son plan en forme de U (voir photo ci-dessous).

La maison d'un empereur!

Le château de Doorn vu de l'Est.
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Après le décès de Wendela en 1814, le château changea encore plusieurs fois de propriétaire.

Au début du 20ème siècle, le château devint enfin la résidence d'un personnage d'exception: l'empereur allemand Guillaume II d'Hohenzollern! A la fin de la première guerre mondiale, l'empereur était considéré comme responsable de la défaite allemande; et les alliés voulaient en plus le faire juger pour crimes de guerre. Sur ce, l'empereur décida de fuir aux Pays-Bas, lesquels voulaient bien lui accorder le droit d'asile.
L'empereur s'installa au château de Doorn, qu'il acheta en 1920. Il construisit alors les bâtiments d'entrée que nous connaissons aujourd'hui (voir photo ci-dessous). L'ancien empereur vécut au château jusqu'à sa mort en 1941.

Après la deuxième guerre mondiale, en 1945, le château fut confisqué puisqu'il était la propriété d'une famille allemande. Ensuite, le château de Doorn fut cédé à la Fondation du Château de Doorn, qui devait en faire un musée.

Aujourd'hui

Le château est un musée et est donc ouvert au public (l'intérieur est tel qu'il était quand Guillaume II y demeurait). La propriété autour du château est elle aussi ouverte au public.



Photo ci-dessus: les bâtiments d'entrée que l'empereur Guillaume II fit construire.



Huis Doorn

Langbroekerweg 14

Doorn



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Texte: Mathieu Fannee

Bibliographie:

Clifford Kocq van Breugel, J.R. & J.D.M. Bardet (1966). Kastelenboek Provincie Utrecht, Kemink & zoon, Utrecht, p.50-52;

Guillermo, J. (1990). Landhuizen en kastelen in Nederland. SDU uitgeverij, 's-Gravenhage, p.125;

Hermans, D.B.M. en J. Kamphuis (1994). “Huis Doorn”, in: Castellogica 1994-3, p.109-118;

Hermans, T. & J. Kamphuis (1994?). Huis doorn: van kasteel tot landhuis. (URL:http://tacohermans.nl/doorn.htm);

Janssen, H.L., J.M.M. Kylstra-Wielinga, & B. Olde Meiering (red.) (1996). 1000 jaar kastelen in Nederland, Functie en vorm door de eeuwen heen. Uitgeverij Matrijs, Utrecht, p.60-61;

Kalkwiek, K.A. & A.I.J.M. Schellart (red.) (1980). Atlas van de Nederlandse kastelen, A.W.Sijthoff's Uitgeversmaatschappij b.v., Alphen a/d Rijn, p.110-111;

Kransberg, D. & H. Mils (1979). Kastelengids van Nederland; Middeleeuwen. Fibula-Van Dishoeck, Haarlem, p.74-76;

Olde Meierink, L.H.M. et al (1995). Kastelen en ridderhofsteden in Utrecht, Stichting Matrijs, Utrecht;

http://kasteleninutrecht.eu/;

Illustrations:
(photos du château) Mathieu Fannee;
(dessins) Mathieu Fannee, d'après des dessins de D.B.M. Hermans, publiés dans l'article de D.B.M. Hermans et J. Kamphuis (1994) cité ci-dessus;