Le château de Hoensbroek,
vu du Sud.
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Le château de Hoensbroek

Le château de Hoensbroek est un ancien château fort, fondé au Moyen-Âge et transformé plus tard en château d'agrément. Celui-ci consiste en un château principal avec deux basses-cours. Le château se trouve à Hoensbroek, au Nord-Ouest de la ville d'Heerlen (Limbourg).

Hoensbroek était au Moyen-Age un lieu clé, car situé au bord d'une route commerciale qui partait de Gand, et passait par Maastricht pour se rendre à Francfort-sur-le-Main.

La fondation du château

Le château de Hoensbroek fut vraisemblablement fondé au 13ème siècle. En effet, à cet endroit se trouvait vers 1250 déjà une maison forte.

Le château consistait alors en un bâtiment rectangulaire, avec à l'Ouest une cour intérieure entourée d'un mur d'enceinte. Ce château (env. 19 mètres sur 16) se trouvait à l'emplacement de l'actuelle cour intérieure du château principal (voir plan ci-dessous).

La bataille de Baesweiler

Au 14ème siècle, Hoensbroek faisait partie du duché de Brabant. A cette époque, le duc de Brabant s'employait à agrandir son territoire, si bien que les ducs de Gueldre et de Juliers se sentaient menacés.

Plan du château principal.
En noir au milieu on distingue les contours du château d'origine du 13ème siècle.
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A un moment donné, un incident eut lieu en Juliers, au cours duquel des mercenaires français congédiés détroussèrent des marchands brabançons. Bien que cette incident eut lieu sur ses terres, le duc de Juliers refusa de dédommager le duc de Brabant, et engagea même une partie des mercenaires dans son armée! Tout cela mena à la bataille de Baesweiler, en 1371.

Les combats commencèrent bien pour les brabançons. Les troupes de Brabant attaquèrent et parvinrent au bout d’un certain temps à faire fuir les troupes de Juliers. Mais peu après, l'armée gueldroise arriva à son tour sur le champ de bataille. Cela redonna courage à l'armée de Juliers, qui revint livrer combat! C'en était trop pour les brabançons: ils perdirent la bataille et le duc Venceslas de Brabant fut fait prisonnier. Ce n'est qu'après un an de captivité que le duc put retourner au Brabant.

Premiers agrandissements du château

Pour mener ses guerres, le duc de Brabant était toujours dépendant de l'aide militaire et financière que lui apportaient les riches familles fidèles au duché. Une de ces familles était la famille Hoen. Les chevaliers Nicolas et Herman Hoen avait combattu à Baesweiler aux côtés du duc de Brabant, et Nicolas y avait même perdu la vie.

La tour du 14ème siècle, à l'angle Ouest.
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Maintenant, la famille devait être récompensée pour les services rendus. Cette récompense vint en 1388: la duchesse de Brabant donna alors les terres d'Hoensbroek en fief au chevalier Herman Hoen, et en fit une seigneurie à part entière. Herman devint ainsi le premier seigneur d'Hoensbroek.

Herman fit alors agrandir la maison forte du 13ème siècle. Il dressa à l'Ouest de celle-ci une aile d'habitation rectangulaire, flanquée de la haute tour ronde que nous connaissons encore aujourd'hui (voir photo ci-contre).

Divisé en deux

Herman décéda en 1404, après quoi son fils Nicolas II lui succéda. Celui-ci partagea plus tard le château entre ses deux fils Jean et Herman. Comme ils habitaient une moitié différente du château, les descendants d'Herman furent ensuite nommés les « Hoens de la salle », et les descendants de Jean les « Hoens des cuisines ».

Le château resta longtemps divisé et parfois, les « Hoens de la salle » furent en conflit avec les « Hoens des cuisines », obligeant à chaque fois des médiateurs à intervenir.

Ce n'est qu'après deux siècles que les deux moitiés du château furent de nouveau réunies. Ulrich d'Hoensbroek (1584-1631), un des « Hoens de la salle », avait hérité de la moitié du château par son père Godart. Il tenta pendant des années d'obtenir l'autre moitié du château. Il parvint finalement à racheter la moitié des « Hoens des cuisines » en 1612.

La grande transformation

La façade du château principal
vue de la deuxième basse-cour (donc vue du Nord-Est).
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Ulrich d'Hoensbroek était marié avec Joanna de Boedberg. Celle-ci était issue d'une riche famille et procura du fait de son mariage avec Ulricht un grande fortune à la famille De Hoensbroek. Leur fils Adrien hérita en 1618 en plus du château de Haag (Allemagne) de son oncle Arnold de Boedberg, avec les droits qui y étaient attachés. Quand Adrien succéda à son père en 1631, il hérita bien sûr de la grosse fortune de sa mère.

A partir de 1640, le très riche Adrien d'Hoensbroek fit faire de gros travaux au château. Les vieux bâtiments d'habitation du 13ème siècle, qui occupaient la partie Est de l'actuelle cour intérieure du château, furent alors démolis. C'est à ce moment-là que de la moitié orientale du château actuel fut construite.

Vue du côté façade (Nord-Est), la nouvelle moitié orientale était grosso modo le reflet de la moitié occidentale (voir photo ci-dessus). A l'arrière du château cependant, l'aile Est ne fut pas flanquée d'une tour d'angle ronde comme l'aile Ouest, mais d'une tour carrée (voir photo de droite ci-dessous).

C'est aussi à cette époque que les deux basses-cours actuelles furent érigées, à côté du château principal (voir photo de gauche ci-dessous). Les travaux furent terminés en 1660.

Le bâtiment d'entrée de la deuxième basse-cour.

La tour à l'angle Sud.

Modernisation

Plus de cinquante ans après la fin des travaux, en 1717, l'aile Ouest du 14ème siècle s'écroula soudainement. La tour d'angle ronde voisine, datant elle aussi du 14ème siècle, resta heureusement debout.

Le château principal vu de la première basse-cour (donc vu du Nord-Ouest).
Au milieu l'aile Ouest (reconstruite au 18ème siècle) et à sa droite la tour d'angle ronde du 14ème siècle.
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Le château fut ensuite remis en état et modernisé, probablement sur les ordres de Jean Guillaume d'Hoensbroek (le petit-fils d'Adrien) ou sinon de son fils François Arnaud. A l'emplacement de l'aile Ouest écroulée fut alors dressée une nouvelle aile, qui était un peu moins élevée que son prédécesseur (voir photo ci-contre).

Abandon du château

En 1747, la famille d'Hoensbroek dut essuyer un sérieux revers. Soixante-dix ans plus tôt, la fille du sire Adrien d'Hoensbroek s'était mariée contre la volonté de son père avec un français, le comte Honoré du Chatelet, lequel avait servi dans l'armée de Louis XIV. Adrien décida alors de déshériter sa fille.

Mais les descendants de celle-ci n'en restèrent pas là et un très long procès suivit, que la famille d'Hoensbroek perdit. Sur ce, en 1747, la famille dut payer une immense fortune, ce qui appauvrit gravement les seigneurs d'Hoensbroek.

Déclin

Le dernier sire d'Hoensbroek qui habita au château fut Lothar François d'Hoensbroek, lequel succéda à son père François Arnaud en 1759.
Lothar François décéda au château en 1796. Après sa mort, le château fut la plupart du temps inhabité et fut administré par des régisseurs. La famille d'Hoensbroek demeurait au château de Haag, en Allemagne.

Au 19ème siècle, le château abandonné commença à tomber en ruine et, en 1899, la façade arrière de la tour carrée méridionale s'écroula.

Rétablissement

Au début du 20ème siècle, un descendant des sires du château, Franz Lothar von Hoensbroech, essaya de vendre le château à condition que celui-ci fut restauré. Au début, aucun acheteur ne se présenta, mais finalement, le pasteur local J.L. Röselaers commença à négocier afin de faire descendre le prix de la vente du château. Le pasteur fonda l'association « Ave Rex Christe », laquelle sut racheter le château en 1927, pour un montant de 65.000 florins. Ensuite, entre 1930 et 1943, le château fut enfin restauré.

Aujourd'hui

Le château est aujourd'hui un musée. Il est donc ouvert au public (entrée payante).



Kasteel Hoensbroek

Klinkertstraat 118

Hoensbroek



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Texte: Mathieu Fannee

Bibliographie:

Hupperetz, W. & B. Olde Meierink & R. Rommes (red.) (2005). Kastelen in Limburg. Burchten en landhuizen (1000-1800). Stichting Limburgse Kastelen, Uitgeverij Matrijs, Utrecht, p.420-425;

Hurenkamp, Drs. S.A.P.F. (2010). Kasteel Hoensbroek. Stichting Exploitatie Kasteel Hoensbroek, 17de druk;

Kalkwiek, K.A. & A.I.J.M. Schellart (red.) (1980). Atlas van de Nederlandse kastelen, A.W.Sijthoff's Uitgeversmaatschappij b.v., Alphen a/d Rijn, p.204-205;

Kransberg, D. & H. Mils (1979). Kastelengids van Nederland; Middeleeuwen. Fibula-Van Dishoeck, Haarlem, p.225-226;

Stern, A. (2003). De slag bij Baesweiler (1371). URL: http://www.graafschap-middeleeuwen.nl/oorlogvoering/slag-baesweiler.html;

http://www.kasteelhoensbroek.nl/html/?me=4&su=0&si=1;

Illustrations:
(plan) http://www.kasteleninnederland.nl/foto1373.php;
(photos du château) Mathieu Fannee;